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Sphinge en terre cuite, XIXe

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14.500,00

Sphinge
Terre cuite
XIXe
Vers 1880

H.106 – L.53 – P.141 cm

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Sphinx à tête de femme en terre cuite de grandes dimensions de style fin Louis XV – début Louis XVI (entre 1770 et 1776). Celle-ci présente un torse féminin au corsage pigeonnant, portant une robe sans manches à capuchon dite « domino », et une coiffure « à l’enfant », à la chevelure bombée et crêpée sur le devant et relevée à l’arrière par un ruban. La créature mythologique, dont les deux pattes reposent sur un coussin à glands porte à l’entour du cou un médaillon en forme de coeur incurvé, établissant un rappel avec les ornements similaires du tissu drapant la croupe transversalement.
 
Dans un de ses tableaux représentant le jeune Moïse sauvé des eaux (1638), Nicolas Poussin dote la figure traditionnelle du sphinx d’une tête de femme. En ce sens, le peintre atticiste, chantre de l’Arcadie rêvée, ramène la miraculeuse survie de l’enfant élu de Dieu au triomphe sur la destruction de la vie, l’eau, le Nil personnifié , sur lequel s’appuie précisément la double symbolique du sphinx dans la statuaire antique. Animal mythologique à corps de lion et à tête humaine, jadis emblématique de l’écriture hiéroglyphique mais toujours craint jusque dans son existence chimérique, le sphinx peut ainsi apparaître à la fois comme l’esprit insidieux qui tout nie (cf. Oedipe) mais aussi comme une figure tutélaire, protectrice et vigilante dans sa puissance énigmatique.
 
La sphinge dont il est ici question revêt une signification représentative de l’évolution du sens qui lui est attribué dans l’art statuaire à partir du XVIIe : d’abord ambivalente, propice à susciter l’effroi et l’étrangeté, elle se fait rassurante et bienveillante, toujours drapée dans un mystérieux silence dont elle ne se départit pas pour monter une garde inflexible devant de nobles demeures, ou à l’orée d’un parc : son pouvoir est transfiguré dans la pierre, elle représente le souverain éternel, despote et paternel.
 
La sculpture qui nous intéresse se situe de fait à la confluence d’un manifeste politique et d’un discours esthétique : parmi les première sculptures de sphinges connues en Frances, datant de la fin du XVIIe, certaines, au nombre de quatre, semblent arborer les traits de plusieurs favorites du roi Louis XIV (1). Coiffées à la Fontange – l’une des dernières et éphémères maîtresses du monarque- elles déploient couchées, la poitrine découverte, la grâce et la retenue de la faveur obtenue. De même, notre sculpture cristallise une habile synthèse d’une certaine élégance de l’entregent – et de l’entre-soi, dont le lieu d’élection au XVIIIe siècle est éloquent. : les parcs, notamment royaux et princiers. Si les plus célèbres sphinges du XVIIIème qui nous sont parvenues à ce jour demeurent celles trônant au faîte du grand escalier du parc du Château de Ménars (Loir-et-Cher), représentent la marquise de Pompadour, (2) c’est que cette dernière, non contente d’avoir régné sur le rayonnement des Art décoratifs à la cour sous Louis XV, insuffla une vie intemporelle à son propre modèle de favorite philosophe et protectrice des Lumières à travers nombre de réalisations artistiques – dans la pierre.
 
Quelle identité revêt alors cette sphinge au mystérieux ruban noué autour du cou ? La pendeloque, en forme de médaillon et à figure de coeur se fait vraisemblablement reliquaire de l’amour, et, renfermant quelque ardent souvenir, pourrait évoquer une autre élue du coeur de Louis XV dont elle partagea les dernières années jusqu’en 1774 : la comtesse du Barry (3). Si certaines sculptures de sphinges présentent des similitudes entre elles, il n’en existe aucune qui un offre faisceau complet de caractéristiques identiques. (4)
 
De là la dimension exclusive de la sculpture dont il s’agit : la délicatesse de la tête tournée de quart, peu commune avant 1770, l’élaboration savante d’une coiffure historiée, le mouvement altier dont semble mû l’impénétrable et souriante figure, tout concourt à une majesté naturelle qui sied à l’art des jardins occidentaux dès la Renaissance, et en l’occurrence au XVIIIe siècle. Dernière interrogation cependant : sa destination et son emplacement original. Une énigme, tout comme l’étrangeté de son charme reste, dans un muet surnaturel, entière. (5)

OEUVRE EN RELATION :
1. Quatre sphinx en marbre blanc à têtes de femmes ; portraits présumés de maîtresses de Louis XIV ; ils sont représentés couchés, le corps en partie couvert par une draperie ornée de glands et retenue sur la poitrine par un noeud de ruban. Commencement du XVIIIe siècle. (H. 80 – L. 100 – Larg. 40 cm). Provenance : Château en Bretagne, Château de Royaumont puis Château de Chantilly. Vente du 8 mai 1901 à Drouot.
2. Paire de sphinges dites « Pompadour », Parc et Château de Ménars (Loir-et-Cher).
3. Paire de sphinges à l’enfant en terre cuite, milieu du XVIIIe. (H. 75 – L. 90 – P. 45 cm) Provenance : Vente Sotheby’s décembre 2008.
4. Paire de sphinges en biscuit de Sèvres représentant la comtesse du Barry, circa 1780 ( L.10 – P.16 – H.14cm).
5. Sphinges du Parc de Chiswick House, Burlington Lane, West London, circa 1730. Photographie : Derry Moore.
 
BIBLIOGRAPHIE :
• Dictionnaire du costume et de ses accessoires, des armes et des étoffes des origines à nos jours de LELOIR, M., Paris, SPADEM et Librairie Gründ, 1992, p. 97.
• Madame de Pompadour et les arts, catalogue d’exposition, sous la dir. de Xavier Salmon, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 14 février – 19 mai 2002, Paris, RMN, 2002.
• FURCY-RAYNAUD, « Inventaire des sculptures exécutées au XVIIIe siècle par la direction des bâtiments du roi », Archives de l’art français, tome XIV, Paris, 1927.

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